ISO 45001: Parce que la sécurité au travail et la protection de la santé ne sont pas négociables
Publié le : 16.10.2025
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Entre les bétonnières et les plans de construction, les collaboratrices et collaborateurs de l’entreprise de construction et de gestion immobilière ANLIKER adhèrent à une culture de la sécurité qui va bien au-delà des casques de protection et des chaussures de sécurité. Florian Spichtig, responsable Appui à la conduite du personnel, et Matthias Knotz, délégué Qualité-Environnement-Sécurité (QES), nous en disent plus sur cette recette gagnante.
Une plaque vibrante percute la terre fraîchement remblayée dans un bruit assourdissant, tandis qu’à l’intérieur du bâtiment encore à l’état de gros œuvre s’élèvent les hurlements d’une fraiseuse. Sur le chantier, des hommes avec des casques jaunes et des gilets orange courent à droite et à gauche, telles des taches de couleur vives se détachant sur le fond gris d’un enchevêtrement d’acier et de béton. L’un d’entre eux s’appelle Matthias Knotz. En cette journée d’automne, le responsable Qualité-Environnement-Sécurité contrôle l’un des quelque 150 chantiers en cours de l’entreprise – ici à Neuendorf, dans le canton de Soleure, au pied sud du Jura.
Matthias Knotz est membre d’une équipe de cinq personnes qui poursuit le même objectif: veiller à la sécurité des conditions de travail sur les chantiers. En effet, en Suisse, un accident du travail sur cinq survient sur un chantier. Les causes les plus fréquentes sont les trébuchements et les chutes. En observateur critique, il parcourt le chantier, photographiant tantôt une protection contre les chutes, tantôt un empilement de planches, tantôt des câbles négligemment enroulés. Il vérifie si les lunettes de protection sont portées, si l’élingage des charges a été réalisé en bonne et due forme ou si les objets pointus et les ouvertures sont correctement recouverts. Il veille en outre à ce que le chantier soit propre et ordonné. En effet, l’ordre et la sécurité sont étroitement liés. Tout ce qui retient son attention est noté dans l’évaluation des risques qu’il rédige en fin de journée.
«Il est important à mes yeux que les contrôles ne soient pas perçus comme de la chicanerie», précise-t-il. «Il s’agit de porter un regard constructif de l’extérieur, dans le but d’observer le déroulement des travaux et de garantir la protection de tous.» Lorsqu’il constate un manquement, il cherche à discuter avec l’ouvrier en bâtiment ou le contremaître. Matthias Knotz: «Le travail ne peut marcher que si chacun connaît les risques et respecte les règles. On peut alors compter les uns sur les autres, même sous la pression des délais.» Et ces derniers sont généralement très serrés dans la branche de la construction. C’est pourquoi les préposés à la sécurité se rendent sur chaque chantier au moins une fois par mois et procèdent ainsi à quelque 1300 audits internes par an.
Le groupe ANLIKER compte parmi les plus grandes entreprises de construction et de gestion immobilière de Suisse. Il réalise des projets pour de grandes entreprises, pour la Confédération et les cantons, ainsi que pour un grand nombre de maîtres d’ouvrage institutionnels et privés. Florian Spichtig est responsable Appui à la direction et chargé de la gestion de la qualité, de l’environnement et de la sécurité au travail. En qualité de préposé à la qualité, à l’environnement et à la sécurité, Matthias Knotz est chargé de contrôler les chantiers sur place.
Un ensemble de règles structurant
Dans une entreprise qui compte quelque 1700 collaborateurs, un système structurant est nécessaire pour assurer le bon déroulement d’une telle politique de sécurité et de protection de la santé au travail. C’est pourquoi le groupe ANLIKER s’appuie sur la norme ISO 45001:2018, laquelle a pris la relève de l’ancienne certification OHSAS 18001 en 2020. Car chez ANLIKER, on en est convaincu: les accidents ne sont pas dus au hasard, et la sécurité au travail est quelque chose que l’on peut planifier dans une large mesure.
L’élément central de cette politique de sécurité et d’environnement s’appelle le «Code de conduite ANLIKER». Il s’agit d’un document de près de 120 pages qui comporte 57 règles vitales et durables. Il couvre tous les aspects, depuis les instructions relatives à l’élingage des charges sur les grues, la mise en place de barrières de protection et de signalisations, jusqu’au stockage en bonne et due forme des produits chimiques. «Le Code de conduite a été introduit de notre propre initiative il y a sept ans de cela. Il revêt une importance cruciale pour notre prévention et va au-delà des règles vitales de la SUVA», précise Florian Spichtig. Ce dernier est responsable Appui à la direction et responsable de la gestion de la qualité, de l’environnement et de la sécurité au travail.
Des règles mises en pratique au quotidien
Il s’agit donc d’un recueil complet de règles de travail. Et comment éviter qu’il ne se perde au fond d’un tiroir? «En l’intégrant dans le quotidien», précise Florian Spichtig. C’est pourquoi chaque embauche d’un nouveau collaborateur commence par un contrôle des connaissances dans les domaines de la sécurité et de l’environnement. Puis, à l’issue de la période d’essai, le collaborateur reçoit une formation d’une journée qui couvre toutes les règles spécifiques aux domaines dans lesquels il est amené à intervenir. Un plan de formation systématique pour une remise à niveau sur tous les thèmes liés à la sécurité et à l’environnement est également mis en place sur une période de trois ans. Par ailleurs, une application de formation en ligne spécialement développée à cet effet propose des exercices de mise en situation: chaque mois, l’application envoie aux collaborateurs une règle différente directement sur leurs téléphones portables et leurs tablettes, puis l’explique de manière concise et vérifie aussitôt si elle a été comprise par le biais d’un test succinct. «Ces outils sont notre pierre angulaire», précise Florian Spichtig. «Mais la sécurité ne doit pas se limiter au fait de cocher des listes. Elle doit pouvoir s’incarner au quotidien. Et ce, au travers des relations entre les personnes, du climat de travail sur le chantier, de la confiance envers l’équipe.» Outre tout cet ensemble de règles, la sécurité ne peut fonctionner qu’à la condition que les cadres la soutiennent également de leur côté et qu’ils promeuvent une culture qui fasse la part belle à une communication ouverte et où les erreurs sont traitées de manière constructive, poursuit Florian Spichtig.
Matthias Knotz, responsable Qualité-Environnement-Sécurité, partage ce point de vue. Il se trouve en ce moment sur le toit du bâtiment de cinq étages à l’état de gros œuvre. Les trois grues à tour pivotante sont si proches qu’elles semblent presque à portée de main. En contrebas, la plaque vibrante continue de vrombir. «Donner l’exemple est essentiel», martèle Matthias Knotz. Si le contremaître ne se sécurise pas à l’aide d’une corde lorsqu’il monte sur la plateforme de travail élévatrice, l’ouvrier du bâtiment ne le fera pas non plus. Si le contremaître ne porte pas de protection de la nuque en été, le reste de l’équipe y renoncera également. C’est dans ce contexte que l’entreprise a instauré une journée spéciale: la Journée de la culture et des valeurs. À cette occasion, les cadres échangent non seulement entre eux, mais aussi directement avec le CEO Roland Dubach et les personnes chargées de la conduite du personnel, sur le comportement à adopter, ainsi que sur la responsabilité et la manière dont les directives de sécurité doivent se traduire par des actes.
Bien plus qu’un casque et des gants
Et qu’en est-il de la santé mentale? «Nous sommes conscients que la gestion de la sécurité au travail ne se limite pas à des listes de contrôle et à des vêtements de protection», déclare Florian Spichtig. Elle concerne également le bien-être, comme il le précise. «Un collaborateur fatigué, stressé ou qui ne se sent pas respecté a plus de risques de commettre des erreurs». Et ces erreurs peuvent avoir de graves conséquences sur un chantier. C’est pourquoi ANLIKER a mis au point un système de gestion de la santé en entreprise, qui sera mis en œuvre à l’échelle du groupe à partir de 2026. Il inclut des modules de formation sur des thèmes tels que l’esprit d’équipe, le respect ou encore la vigilance – autant de thèmes qui renforcent tant la sécurité physique que mentale. «Outre la protection sur les chantiers, nous souhaitons également que tout le monde ait envie de venir travailler le matin et se sente pris au sérieux», poursuit Florian Spichtig. «C’est de là que naît la vigilance dont nous avons besoin pour garantir la sécurité des étapes de travail.»
Image: Matthias Knotz, mise à disposition
Le stress au travail augmente le risque d’accident
La Suva estime que le stress lié au travail joue un rôle central dans près de 17% des accidents. La pression des délais, par exemple, multiplie par 1,5 le risque d’accident, et les conflits par 1,8. Mais qu’est-ce que le stress, au juste? Le stress est une sensation individuelle qui s’installe à la suite d’un déséquilibre entre les exigences extérieures et les ressources personnelles disponibles. Il n’existe donc pas de mesure universelle qui permette de définir le stress, et tout le monde ne ressent pas les situations stressantes de la même manière. Si le déséquilibre entre les exigences extérieures et les ressources intérieures n’est que temporaire, alors la personne peut s’en remettre sans difficulté. La situation devient plus délicate et plus dangereuse lorsque certains facteurs de stress se chevauchent et persistent sur une longue période.
Source: SUVA
Pendant ce temps-là, à Neuendorf, Matthias Knotz a fini sa tournée. Ces observations lui ont donné satisfaction. Il ôte son casque et son gilet et prend la direction du chantier suivant, tandis qu’en arrière-plan, la grue à tour pivotante déplace des charges au centimètre près.